Fin de crise ? J’espère que non !

« Reprise économique mondiale », « près de 75% des pays du monde se redressent »(1)

Fin de crise ?
On notera que le premier réflexe pour indiquer que la crise est révolue est de chercher un indicateur du monde ancien : le taux de croissance.
Camé à la croissance, le monde croit revivre de sa nouvelle dose, pourtant, c’est peut-être elle qui l’achèvera.

On reprend sa tâche comme si de rien n’était ?
Dans tous les cas, si le révélateur semble financier, la crise ne saurait se résumer à la seule croissance économique.
Le tsunami est une conséquence et non la cause d’un mouvement profond de tectonique des plaques, de l’affrontement titanesque de deux forces qui s’affrontent.

La révolution de l’usage et son corollaire le design thinking, le « co » devenu préfixe incontournable (co-voiturage, co-working…) de la dynamique collaborative, la désinstitutionnalisation… sous des visages différents, nous devons la reconnaître, c’est la démocratie qui, de nouveau, frappe à notre porte !
L’entêtée démocratie a saisi l’opportunité d’une innovation technologique pour se répandre. Intrusive comme une eau qui ruisselle, elle bouscule nos confortables conservatismes et nos petits arrangements avec les subtiles dictatures du quotidien.

A l’instar des pays totalitaires bousculés par des révolutions printanières qui ruinent le tourisme, la démocratie est très vite perçue comme un empêcheur de prospérer en rond. Alors les plaques se frottent.

Evidemment, cette pulsion démocratique s’exprime parfois maladroitement à coup de selfies impudiques, de sur-communication, de populisme, d’usurpation d’expertises ou d’égalitarisme trompeur. Mais, tous les colmatages du monde ne parviendront pas à endiguer la vague immense.

ancien:statique
Le sentiment partagé que l’exercice démocratique actuel n’est pas satisfaisant invite la société à trouver de nouvelles voies pour s’imposer.
La vague démocratique s’accompagne de nouveaux droits fondamentaux : s’exprimer soi-même, directement, et pas uniquement au travers des voix institutionnelles tels que les syndicats, les partis politiques ou les médias traditionnels; participer aux décisions, ne plus avoir de supérieurs hiérarchiques mais uniquement des collègues; le droit de se produire sans producteur, d’éditer sans éditeur; le droit à un apprentissage qui s’adapte à ses propres caractéristiques et pas l’inverse… « L’individualisme est un humanisme » comme le dit François de Singly.

A l’heure où chacun s’engage dans la voie de l’incontournable transformation, il est bien de rappeler qu’il ne s’agit pas uniquement de « passer au digital » mais de faire entrer en sa maison une invitée que l’on croyait, à tort, déjà installée.

 

 

(1) Christine Lagarde, université de Harvard, octobre 17.